Dans le paysage musical ô combien varié de Steve Shehan, Magma et Christian Vander sont comme une sorte de jardin secret : toujours là, mais discrètement.
A l'occasion des 40 ans de Magma, Steve a bien voulu répondre à quelques questions sur ses relations avec le groupe mythique de la musique zeuhl. Dans la première partie de cette interview se nichait déjà un scoop : l'appartenance de Steve Shehan au club ultra-fermé des bassistes de Christian Vander.
Voici la seconde partie de l'interview.
lpb : Quel est ton album préféré ?
Steve Shehan : L'album préféré ? "Tristan et Iseult", "1001 centigrades" (1), "Köhntarkösz", mais je me souviens de ma jubilation à chaque fois que j'entendais les premières notes de Kobaïa (2).
Kobaïa en écoute sur Deezer
lpb : Penses-tu avoir été influencé artistiquement par cette musique ?
Steve Shehan : oui il y a quelque part en moi une influence magmaienne, je dirais dans les tensions harmoniques et aussi dans l’approche bassistique. Mon batteur "déclencheur , référence a été Elvin Jones, donc évidemment, il y a une parenté avec Christian, ensuite Tony Williams, là encore la parenté est évidente, Christian est dans cette famille, cette lignée phénoménale, d’animalité, de finesse, de risque et de fièvre.
lpb : En tant que percussionniste, comment ressens-tu le jeu de batterie de Christian Vander ?
Steve Shehan : L’inventivité aérienne dejà sur "1001 centigrades" ou "Kobaïa" en terme de batterie est tellement avant-gardiste, tellement riche et intelligente, qu’aujourd’hui encore je l’écoute admirativement, attentivement car toujours l’approche de Christian provoque et inspire n’importe quel rythmicien.
lpb : Quel regard portes-tu sur la période Offering, plus jazz et accoustique, où Christian Vander délaisse la batterie pour le chant ?
Steve Shehan : Offering a sans doute été une période déterminante chez Christian. Certes le chant, oser chanter l'extase comme Christian le faisait, surprenait et déroutait au départ. Mais je dois dire qu'au sein de cette formation, sa voix, sa musique me portaient. La batterie n'était pas délaissée et ses solos n'en étaient que plus charismatiques. Le reste était "battu" par François Laizeaux, c'est-à-dire élégamment et intelligemment, d'où mon plaisir. (à suivre)
-------------------------------------------
(1) "Tristan et Iseult", bande-annonce d'un film à la diffusion confidentielle, est aujourd'hui répertorié dans la discographie de Magma sous le nom de "Wurdah Itah".
"1001 ° centigrades", enregistré en 1971, porte désormais le titre de "Magma 2".
(2) "Kobaïa", titre du premier album du groupe, est "l'hymne de Magma" selon Klaus Blasquiz. Il est encore joué sur scène, en rappel de certains concerts notamment.